REPRISE DES COURS HEBDOMADAIRES LE 02/09/2025

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Rendre son atelier écoresponsable

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Gérer un atelier de poterie tout en respectant l’environnement est un enjeu majeur pour les artisans soucieux de leur impact écologique. Entre la consommation d’eau, d’énergie, d’argile et surtout la gestion des déchets, de nombreuses solutions existent pour minimiser son empreinte environnementale.

Voici quelques astuces utilisées dans mon propre atelier pour réduire mon impact écologique, en particulier quand on accueille comme moi plusieurs classes d’élèves par semaine.

 

Réduire la consommation d'eau

L’eau est un élément essentiel en céramique, mais il est possible d’en limiter la consommation avec quelques systèmes astucieux.

Limitez le nettoyage à grande eau : Encourager les élèves à utiliser des microfibres humides plutôt que des éponges et éviter le rinçage à grande eau. Au tournage, les débutants ont beaucoup de déchets dans leur bac. Je les encourage d’abord à enlever le maximum de résidus, qui iront dans le bac de récupération d’argile, avant d’aller rincer le matériel à la plonge pour un bref rinçage.

Utilisez des bacs de décantation : Installer un système de décantation permet de récupérer l’eau usagée, de la laisser reposer et de réutiliser l’eau claire en surface. La terre décantée au fond des seaux est de suite réintégrée dans le bac de récupération d’argile général. J’ai deux bacs de décantation dans mes éviers, et un autre directement relié à mes siphons d’évacuation pour que la terre n’atteigne pas ma fosse septique.

Utilisez l’eau décantée pour tourner : le tournage demande d’avoir un récipient d’eau à côté de soi. Mais pas besoin d’eau potable du robinet pour tourner ! Récolter l’eau claire de vos seaux de décantation est amplement suffisant.

Récupérez l’eau de votre déshumidificateur : Je vous conseille d’investir dans un déshumidificateur, ô combien nécessaire quand vous peinez à faire sécher vos pièces ou l’argile sur vos plâtres : l’eau collectée peut être réutilisée pour nettoyer les outils et les surfaces. Je l’utilise beaucoup pour passer la serpillère dans l’atelier. La boucle est bouclée : l’eau du sol est récupérée pour relaver le sol.

Optimiser l'utilisation de l'argile

L’argile est une ressource précieuse qui peut être gérée intelligemment pour éviter le gaspillage :

Pesez l’argile avant utilisation : Cela évite de distribuer des quantités excessives aux élèves et réduit les déchets. C’est aussi une très bonne base de travail pour que les élèves se rendent compte de leur progression.

Sélectionnez les pièces les plus abouties : Avant la cuisson, je prends le temps d’évaluer avec les élèves les créations et j’évite de cuire des pièces fragiles ou peu abouties. Cela passe par un certain tact et beaucoup d’explications mais tous mes élèves y deviennent sensibles à force.

Limitez la quantité de terre disponible par élève : lors de mes cours hebdomadaires, je limite la quantité de terre dont chacun des élèves disposent, au prorata du nombre de séances achetées, sous peine d’avoir une majoration du prix en cas de dépassement de poids. Cela me permet de maîtriser un minimum la consommation et les cuissons et surtout de les pousser à progressivement diminuer les épaisseurs de leurs pièces.

Recyclez les chutes d’argile : Mettre en place un bac de récupération des chutes d’argile pour les recycler et les réintégrer dans le cycle de production. Tous morceaux d’argile, tant qu’il n’est pas cuit, peut être recyclé : tournasures, barbotine de tournage, pièce sèche, terre des bacs de décantation… tout est rassemblé dans mon grand bac de récupération et après une semaine de barbotage, je mixe cette tambouille pour la déposer sur une plaque de plâtre, à sécher. Une fois prête, la terre est pétrie puis peut être à nouveau mise en circulation.

Réduire la consommation d'électricité

L’énergie nécessaire à un atelier de poterie est importante, notamment pour la cuisson des pièces. Voici quelques pistes pour limiter cette consommation :

Optimisez les cuissons : Remplir les fours de manière efficace pour éviter les cuissons à moitié pleines.

Privilégiez les cuissons groupées : Organiser un planning de production afin d’avoir des cuissons régulières et bien remplies.

Utilisez des ampoules basse consommation et des lumières à détection de présence : Opter pour des LED permet de réduire la consommation électrique sans impacter la qualité de l’éclairage de l’atelier.

Installez des minuteries et des multiprises éteignables : Cela permet d’éviter le gaspillage énergétique en éteignant les équipements lorsqu’ils ne sont pas utilisés.

Améliorer la qualité de l'air

Un atelier de poterie peut rapidement accumuler de la poussière et des particules fines, très dangereuses pour les poumons. Le problème numéro un qu’on rencontre, c’est celui de la silicose (maladie des poumons de pierre) en raison de la présence de silice dans l’argile. Pour garantir un espace de travail sain :

N’autorisez pas les animaux ou les enfants en bas âge dans un atelier de poterie : la silice peut engendrer de l’asthme très vite chez les organismes les plus sensibles.

Aérez régulièrement : Ouvrir les fenêtres plusieurs fois par jour pour renouveler l’air.

Installez un système de filtration d’air : Un purificateur d’air peut être utile pour réduire les particules en suspension.

Privilégiez le nettoyage humide : Utiliser des microfibres et serpillières humides pour capter la poussière au sol plutôt que de balayer, ce qui aurait comme conséquence de la remettre en suspension.

Interdisez le ponçage des pièces en intérieur : le ponçage des pièces, à l’état cru ou après la première cuisson est une source majeur de particules fines, qui va impacter celui qui le fait et son environnement. La silice, peut rester en suspension dans l’air pendant 48 heures ! Si vous voulez vraiment poncer, faîtes le dehors et avec un masque. Le mieux est de ne pas le faire du tout.

Interdisez le tournasage des pièces trop sèches : de la même manière que le ponçage, tournaser une pièce qui a trop séché engendre une énorme dispersion de particules fines dans l’air. Soit on recycle la pièce, soit on la réhumidifie avant de la tournaser quand c’est encore possible, mais jamais de tournasage à sec.

Stockez les poudres et les pièces émaillées en attente de cuisson dans des contenants hermétiques : Cela évite la dispersion des particules lors de la manipulation des émaux et des pigments. J’ai construis une armoire spécifique pour stocker les pièces émaillées qui attendent d’être cuites. Cette armoire est close, toute manipulation y est interdite, on ne fait que déposer les pièces. De cette manière, les particules fines ne circulent pas et ne se déposent pas sur le reste du matériel ou des pièces de l’atelier.

Recycler les déchets d’émaux

Les émaux, c’est le nerf de la guerre. On se retrouve avec des résidus à enlever sur les pieds des pièces, des gouttes qui trainent ça et là. Quoi en faire ?

Ne jetez pas les émaux dans les égouts ou la nature : les émaux contiennent souvent des métaux lourds, non seulement dangereux pour votre santé, mais extrêmement toxiques pour l’environnement, comme le cuivre. Les déchets ne doivent jamais être rejetés dans la nature sous peine de dégrader définitivement notre écosystème.

Récupérez vos déchets d’émaux dans un bac de décantation spécifique : quand mes élèves nettoient leurs pièces, ou que je fais de la recherche d’émaux, tous les déchets finissent dans ce bac. Au fur et à mesure que le bac se remplit, je récupère l’eau décantée de surface pour laver l’atelier et les restes d’émaux atterrissent ensuite dans un seau que j’appelle “émail poubelle”.

Rendez inertes vos déchets : je travaille mon émail de récupération, dit “poubelle”, pour lui donner une densité moyenne (en lui rajoutant ou en lui ponctionnant de l’eau). C’est évidemment un émail non alimentaire, absolument aléatoire, et qui ne ressemble – le plus souvent – à rien. Alors rien de mieux pour émailler les intérieurs de pots ou vases qu’on ne voit pas ! On évite ainsi d’utiliser des émaux de qualité pour faire des intérieurs dont tout le monde se fiche et en plus on rend inerte une matière vraiment toxique en la cuisant. Solution ultime : quand j’ai trop de déchets, je finis par tourner une grosse bouteille de terre, que je remplis à moitié de cet émail, je ferme la bouteille avec un bouchon de terre, et ça part en cuisson. L’ensemble devient totalement inerte (une grosse masse solide et noirâtre), que je peux ensuite amener à la déchèterie sans problèmes et sans risques que les métaux lourds viennent contaminer l’environnement.

Adopter des pratiques écoresponsables au quotidien

Enfin, quelques gestes simples peuvent être intégrés au quotidien pour rendre l’atelier encore plus écoresponsable :

Communiquez avec vos élèves : expliquer le pourquoi du comment, de quoi est fait l’argile, quels sont les risques, qu’est ce qui se passe quand on fait tel ou tel geste, qu’est ce que contient un émail. Expliquer amène à une grande compréhension du public et à une meilleure gestion commune de l’atelier.

Ré-utilisez les emballages pour l’expédition des pièces : je demande souvent à mes élèves de me rapporter leurs emballages plutôt que de les jeter, je les ré-utilise pour mes propres colis.

Transformez les vieux tissus en matériel de nettoyage : je récupère les vieux draps ou nappes épaisses pour en faire de très bons chiffons secs.

Achetez en vrac pour limiter les emballages plastiques des matières premières.

En mettant en place ces solutions, il est possible de réduire significativement l’impact écologique de son atelier de poterie tout en sensibilisant ses élèves à des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Chaque petit geste compte et permet de concilier passion et engagement écologique !

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