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La santé dans nos assiettes : parlons céramique !

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Préalable important : 

Cet article traite uniquement des dangers de la céramique destinée à être au contact alimentaire, c’est-à-dire la céramique utilitaire.

La toxicité liée à la fabrication et à la cuisson sera abordée séparément dans de futurs articles du blog.

Soyons honnêtes : personne ne se dit, lors du déjeuner dominical en famille, en tendant son assiette pour récupérer sa part de haricots verts :

« Mais au fait, ma vaisselle est-elle dangereuse pour ma santé ? »

Pourtant, cette question nous préoccupe lorsque nous achetons notre thon en conserve, l’eau minérale en bouteille plastique, ou que nous évitons de consommer le poisson d’élevage de Norvège. Nous nous interrogeons sur le métal le plus hygiénique, le plastique le moins toxique, les pesticides dans nos assiettes.

On se soucie de manger bio, mais dans quoi mangeons-nous au final ?

La céramique est-elle sans danger?

On pense, à tort, que la céramique équivaut à du verre et qu’elle empêche non seulement la fixation des micro-organismes, mais aussi qu’elle ne contient aucun matériau dangereux pour la santé.

Certes, émailler une céramique consiste à la recouvrir d’une mince couche de verre pour la rendre imperméable, hygiénique et sans danger.

Cependant, un émail n’est pas un verre, car nos fours de potiers ne peuvent atteindre la température de fusion brute du verre (aux alentours de 1700°C).

Un émail est un mélange composé d’un formateur de verre, de puissants fondants pour abaisser son point de fusion, et d’un agent de viscosité pour l’empêcher de couler.

Évidemment, la proportion exacte permettant la parfaite fusion de ces éléments relève de la chimie, ce qui est loin d’être évident, surtout pour un artisan !

De plus, si l’on ajoute des oxydes et matières premières pour modifier la texture, la couleur ou la température de fusion exacte, on modifie encore ces paramètres, car tous ont une incidence sur la formule chimique finale et sa durabilité.

Exemple d’un émail exposé à du jus de citron pendant 24 heures. Sa décoloration est flagrante.

La céramique dans laquelle vous mangez n’est pas du verre pur, mais un ensemble de matières premières qui ont fusionné à des degrés divers, selon la qualité du mélange initial.

Parfois, ce mélange est mal réalisé, rendant l’émail peu imperméable, peu durable et non inerte. Il n’est donc pas alimentaire, car il libère ses composants instables.

Vous préféreriez certainement éviter d’ingérer ces substances pendant les nombreuses années d’utilisation de votre vaisselle préférée.

Un autre exemple de tasse qui s’est décolorée après un seul passage au lave-vaiselle. Cela veut dire que les colorants utilisés dans cette tasse étaient mal fixés dans la trame de verre de l’émail … et que je les ai ingérés en y buvant mon thé.

Existe-t-il une réglementation ?

Aujourd’hui, les réglementations européennes et nationales contrôlent la commercialisation des céramiques destinées à l’alimentation.

Cependant :

  • Seule l’industrie subit des contrôles systématiques pour vérifier que les céramiques vendues ne relarguent pas de matières dangereuses pour la santé. Pourtant, la pratique courante de nombreuses entreprises est de commercialiser d’abord, tester ensuite, et rappeler les produits si le test est négatif — après quatre mois de vente. Combien de personnes, selon vous, prêtent attention à ces rappels de produits ?
  • Pour les artisans, les contrôles restent très théoriques. Les tests sont coûteux, la réglementation est complexe, les contrôles de la DGCCRF sont rares, et la chimie des émaux semble ardue. Résultat ? Beaucoup d’entre nous se tournent vers les émaux prêts à l’emploi fabriqués par l’industrie, sans poser de questions sur leur composition. Après tout, c’est un « secret industriel ».
  • Le contrôle obligatoire en France — quand il est effectué — ne porte que sur cinq éléments chimiques (plomb, cadmium, aluminium, cobalt et arsenic). Cette limitation s’explique en partie par le fait que les réglementations datent de 1984. Les études de l’époque fixaient des seuils de tolérance pour le plomb ou le cadmium qui ont depuis été considérablement revus à la baisse.
C’est la facture pour une quinzaine de tests en laboratoire… quand je vous disais que c’était coûteux.

"Stay calm and don't panic"

Tout le monde utilise de la vaisselle en céramique chez soi. Il est donc important de prendre conscience du problème, mais pas besoin de s’affoler pour autant.

Car fort heureusement, les problèmes de toxicité liés à la céramique découlent d’une toxicité chronique et non aiguë. Vous ne risquez pas de mourir après avoir mangé une fois dans une assiette bleu canard dont la couleur s’est estompée dès la première utilisation. En revanche, vous pourriez vous empoisonner lentement, ainsi que vos enfants, en l’utilisant quotidiennement pendant une longue période, disons dix à vingt ans.

Un exemple d’émail bleu sans aucun oxyde de cobalt.

De plus en plus de céramistes prennent conscience du problème. Certains se forment, d’autres sensibilisent leurs élèves — comme je le fais à ma petite échelle.

On sait également que les réglementations vont évoluer à court terme, avec des seuils de tolérance revus à la baisse et l’analyse obligatoire de nouveaux éléments chimiques.

Ce qu’il faut en retenir

Oui, il est probable que les céramiques que vous utilisez, qu’elles soient industrielles ou artisanales, libèrent des substances indésirables dans vos aliments. Les réglementations actuelles sont peu contraignantes et obsolètes. Pour approfondir le sujet, consultez le site de l’EFSA (European Food Safety Agency), qui évalue le niveau d’exposition et détermine la dose quotidienne tolérable pour chaque substance utilisée en céramique.

Non, vous ne risquez pas d’empoisonnement immédiat. Il s’agit d’une toxicité chronique, qui se manifeste à long terme après une exposition prolongée.

Optez, au minimum, pour des céramiques dont les surfaces en contact avec les aliments (intérieur et bord) ne sont pas colorées. Bien que cela ne garantisse rien, cela réduit les risques, car de nombreux oxydes colorants sont toxiques.

Mais pour votre vaisselle du quotidien, privilégiez toujours une qualité irréprochable. Celle-ci repose sur une connaissance approfondie de la composition, des procédés de fabrication et un contrôle rigoureux assurant l’inertie des céramiques. Je fais ici référence à un artisanat d’excellence, pratiqué par un professionnel formé et sensibilisé à ces enjeux.

Avant toute commercialisation, chacun de mes émaux est envoyé en laboratoire d’analyses pour subir des tests de toxicité sur pas moins de 28 métaux lourds. Ces analyses sont les plus complètes existantes concernant la céramique utilitaire.

Et moi dans tout ça ?

Je me suis formée en chimie des émaux et spécialisée particulièrement en surfaces alimentaires.

Vous avez un doute quant à votre vaisselle ? Est-elle abîmée ? Il y a-t-il un réseau de cicatrices qui s’est formé (appelé tressaillage) ? Les couleurs partent-elles ou deviennent-elles ternes ?

Il est sans doute temps d’arrêter de manger dedans. Je suis régulièrement sollicitée par mes clients pour leur créer une vaisselle totalement inerte, durable et sans aucun danger pour leur santé et celle de leurs proches.

Il m’a fallu 8 mois pour développer un émail passant tous les tests de résistance mécanique et d’inertie chimique. J’ai appelé celui-ci “boréal”.
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