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Cela fait quelques temps maintenant que je sensibilise mes élèves et mon entourage à la question de la sécurité alimentaire dans la vaisselle, mais comme la toxicité dont nous parlons est chronique (c’est-à-dire qu’elle se forme au cours du temps, à l’usage quotidien), il est difficile de trouver des exemples concrets qui illustrent le problème, car on parle d’empoisonnement continu, sur des années.
Pourtant, il m’arrive de rencontrer des personnes confrontées au problème et qui en souffre au quotidien.
En octobre 2024, je suis contactée par une mère de famille pour refaire son service de vaisselle en entier, le sien ayant déjà “bien vécu”.
Elle me demande si j’ai la possibilité de m’inspirer de son service actuel pour créer le nouveau. Je lui demande donc des photos.
Elle m’explique qu’elle a acheté ce service dans une manufacture française il y a plus de 40 ans.
C’est sa vaisselle quotidienne, avec laquelle ses enfants ont grandi, utilisée pour toute occasion et en toute saison. Evidemment, vu l’âge de la vaisselle, il est normal qu’elle présente des signes d’usure. Jusque-là, pas d’affolement.
Quand on creuse un peu, voilà ce qu’il en ressort :
Voilà une combinaison d’éléments qui doivent vous alerter. Personnellement, et à force d’habitude, je reconnais assez rapidement certains composants utilisés sur les vieilles céramiques.
En Europe, un décret de 1984 a limité les quantités de plomb et de cadmium qu’une céramique utilitaire pouvait relarguer. On parle de “relargage” pour parler de la migration des métaux lourds au contact des aliments.
En gros, avant 1984, on était plutôt irresponsable sur le sujet. On employait le plomb, le cadmium et bien d’autres métaux lourds sans limite.
Le plomb en particulier a été énormément utilisé par les industries, manufactures et artisans car il présente de nombreux avantages : c’est un bon fondant, pas cher, qui donne à l’émail une bonne résistance et un beau brillant.
Il rehausse également les couleurs, les rendant plus vives. Il donnera des jaunes, des verts, des rouges ou oranges. Parfois juste du blanc, comme le fameux blanc de céruse (utilisé dans beaucoup de peinture typées Renaissance).
Conclusion, à la vue des éléments, je n’ai pas trop de doute quant au fait que la vaisselle de ma cliente a été émaillée au plomb.
L’autre problème c’est l’état de cette vaisselle.
Prenons l’exemple de la peinture au plomb, utilisée dans le bâtiment jusqu’en 1949. Rappelons que le plomb pénètre dans l’organisme par voie digestive et respiratoire.
Si la peinture est dans un parfait état, peu de chances qu’elle présente un grand danger, car elle est inerte. Mais inéluctablement, à force de passages, de chocs, de coups, du temps qui passe, la peinture finit par s’abîmer et s’effriter. Les poussières se disperseront dans l’air et finiront dans les poumons des habitants.
En zoomant sur l’aspect de la vaisselle de ma cliente, je me rends compte que celle-ci est tressaillée. Le tressaillage, c’est ce fin réseau de cicatrices à la surface de l’émail. C’est un signe d’usure, un défaut d’émail vraiment courant.
Si l’émail qui recouvre la céramique est usé, alors il devient poreux et finit par relarguer (rejeter) ses composants. Si l’émail contient du plomb, il relarguera du plomb. Le plomb contamine alors les aliments avec lesquels il rentre en contact. Il finit invariablement dans l’estomac, puis dans le sang et le cerveau.
Je n’avais aucune certitude, le seul moyen de vérifier la véritable toxicité d’une céramique, c’est de faire des tests en laboratoire d’analyses.
Mais ma cliente m’a demandé mon avis directement, je lui ai donc donné, en prenant soin de ne pas trop l’affoler.
Je lui ai suggéré de parler à son médecin traitant de la situation, de mon avis de céramiste sur la question, et d’éventuellement procéder à des analyses de sang sur la présence de plomb (appelées plombémies) le cas échéant.
En pratique, je lui ai dis surtout quelque chose qui a fait tilt chez elle : “si vous avez des problèmes de santé, que vous n’arrivez pas à expliquer par des causes évidentes, alors ça vaut le coup de s’intéresser à l’analyse de sang des métaux lourds.”
Ca n’a pas loupé, car elle se plaignait de fatigue et de maux de tête fréquents depuis quelques années.
Deux semaines plus tard, ma cliente reçoit ses résultats d’analyses, confirmant la présence excessive de plomb dans son sang.
En discutant avec un ami chimiste, je récupère quelques explications sur ce que cela signifie :
Le mot saturnisme est un gros mot de nos jours. Et il paraît invraisemblable qu’on puisse être empoisonné au plomb en 2025 par notre propre vaisselle. Et pourtant en voilà un exemple.
Cela entraîne une autre question aussi : qu’en est-il de son entourage ?
Depuis 40 ans, ses enfants, ses parents, sa famille ont mangé avec cette vaisselle. Sont-ils aussi malades ?
On est face à un problème de santé publique, pour lequel les pouvoirs publics mais aussi les fabricants détournent le regard et évitent délibérément le sujet. Une telle situation est assez embarrassante n’est-ce pas ?
On ne peut pas s’en vouloir d’une situation dont on ignore tout.
Pour ma cliente, cela a entraîné un gros sentiment d’injustice, d’angoisse et l’impression d’avoir été flouée.
Mais pour ceux qui ont lu mes lignes, j’espère que vous regarderez de plus près ce dans quoi vous mangez désormais.
Si vous avez de la vaisselle colorée, et particulièrement si elle est ancienne, méfiez-vous, car celle-ci a de fortes chances de contenir des métaux lourds qui n’étaient pas encore réglementés. Si l’émail de cette vaisselle est abîmé aux endroits en contact avec les aliments (fêlures, brèches, fissures, tressaillage), l’émail est poreux et relargue ce qu’il contient. Dans ce cas de figure, ne l’utilisez plus pour y boire ou vous nourrir. Point.
Attention également à l’effet inverse, de croire que parce que votre vaisselle est récente ou en bon état, elle est sans danger. Ce n’est pas garanti.
Pour plus d’informations sur ce point, je vous invite à lire mon article sur “La santé dans nos assiettes : parlons céramique”.
Dans cette histoire, on ne parle que de plomb.
Mais en vérité le problème est démultiplié par 20, voir plus, car il y a énormément de métaux lourds dangereux pour la santé et pour lesquels il n’y a encore quasi aucune réglementation. L’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) recense en tout 28 éléments chimiques classés dangereux pour notre organisme. A l’heure actuelle, la France n’en règlemente que 5 parmi les 28.
Face à cette situation alarmante, mon rôle est devenu clair : créer et développer des céramiques totalement sécurisée, pour mes clients et mes élèves.
Le développement d’émaux alimentaires est long et représente un vrai métier à part entière. Je parle ici de formations rigoureuses, pendant des mois, de collaboration constante avec un chimiste pour parvenir à des recettes absolument parfaites d’un point de vue chimique garantissant l’inertie de la matière.
J’y mets tout mon savoir-faire et ma passion, en utilisant des matériaux et des techniques garantissant l’absence totale de substances toxiques et la durabilité de mes céramiques.
Tous mes émaux destinés à l’utilitaire passent par l’étape ultime des tests d’analyses en laboratoire, et pas que sur la présence du plomb ou de cadmium mais sur les 28 éléments chimiques dangereux, ce qui me permet de garantir le plus haut label possible de sécurité alimentaire au monde.
C’est un réel investissement de temps, d’énergie et de coût mais chaque sous investi m’est rendu au centuple lorsque je vois que j’aide des personnes, comme ma cliente, à améliorer leur état de santé.
Cette expérience me rappelle à quel point l’artisanat responsable est crucial dans notre domaine.
En tant que fabricants de vaisselle, nous avons la responsabilité de créer des produits qui ne mettent pas en danger la sécurité des consommateurs.
Personnellement, je ne peux pas concevoir que mes élèves puissent repartir avec des céramiques contenant des produits toxiques. A défaut d’avoir la réglementation actuelle avec nous pour le moment, cela relève d’un devoir moral et intellectuel. Ne produisons pas de manière inconsidérée.
Si jamais vous avez des questions sur votre vaisselle ou si vous souhaitez créer votre service de vaisselle sur mesure, durable et garanti sans danger pour votre santé, n’hésitez pas à me contacter.